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Être patient en ces temps difficiles

Vous vous souvenez lorsque nous avons commencé à comprendre l’ampleur de la COVID-19 au début ou à la mi-mars? Bien entendu, nous savions que c’était un sujet préoccupant avant cela, mais nous ne pensions pas qu’il y avait lieu de vraiment s’inquiéter.

Par la suite, nous avons lentement réalisé que le virus se propageait dans la communauté en Amérique du Nord. Nous avons entendu des histoires d’horreur provenant des hôpitaux italiens où le personnel médical était débordé. Nous avons commencé à voir la même chose se produire dans la ville de New York. Soudainement, la situation a changé et nos vies ont été profondément transformées.

Nous avons immédiatement été mis en confinement. Nous n’avons plus quitté notre domicile, sauf si nous y étions obligés. La semaine de relâche a été annulée. Les restaurants et les magasins ont été fermés; les écoles aussi. Nous avons commencé à travailler de la maison et avons nettoyé nos emplettes. Nous nous sommes tous lavé les mains comme si nous étions atteints d’un trouble obsessionnel-compulsif.

Le jour où la terre s’est arrêtée de tourner

Récemment, j’écoutais une baladodiffusion. L’un des intervenants comparait la crise à ce qui se passe lorsque quelqu’un fait tomber un verre au sol pendant une fête dans une maison bondée. J’aime beaucoup cette analogie.

Le verre se brise au pied de tous. Dans une telle situation, le premier instinct est de crier « Personne ne bouge! ». Nous disons cela parce que nous savons pertinemment que les morceaux peuvent aller dans les recoins les plus imprévisibles, si bien que nous en sommes médusés.

Pendant que tous restent immobiles, quelqu’un récupère un porte-poussière et un balai. Cette personne essaie, tant bien que mal, de retrouver tous les morceaux dans les endroits les plus probables. Il est étonnant de voir le nombre de minuscules fragments produits lorsqu’un verre éclate. Certains sont si petits qu’ils sont à peine visibles; ces morceaux microscopiques peuvent être d’autant plus dommageables qu’ils peuvent s’incruster dans la plante de vos pieds et être presque impossibles à retirer plus tard.

Un pas à la fois

Par la suite, les gens se déplacent à nouveau, lentement et prudemment. Mais ils réalisent qu’ils pourraient encore avoir des surprises et mettre le pied sur un morceau de verre. Alors, ils prennent leur temps. Éventuellement, ils recommencent à marcher avec plus de confiance.

Mais nous savons ce qui peut arriver : quelques heures, jours, voire des semaines plus tard, un petit éclat est découvert dans un endroit insolite. Nous ne pouvons jamais vraiment être certains d’être sortis d’affaire avant quelque temps. Cependant, il est impossible de rester paralysés à jamais. La vie, et la fête doivent continuer.

En ce moment même, nous sortons de cette phase initiale. Nous sommes beaucoup plus conscients de ce qui se passe. Nous avons une meilleure compréhension du virus, où il se trouve dans la communauté et comment il se propage. Nous savons comment éviter d’être exposés : porter un masque et laver nos mains font désormais partie de notre vie quotidienne. Lors de promenades ou à l’épicerie, il est devenu pratique courante de se tenir à deux mètres les uns des autres.

Faire preuve de patience

Actuellement, notre défi est de savoir jusqu’à quel point nous pouvons reprendre une vie normale en toute confiance. Devrions-nous recevoir des amis avec lesquels nous pensons être « en sécurité »? Devrions-nous permettre à nos enfants de jouer en petits groupes avec les enfants du quartier? Devrions-nous les envoyer dans des camps de jour cet été? Pouvons-nous rendre visite à nos parents âgés? Beaucoup d’entre nous se posent ces questions.

Comme nous l’avons tous remarqué, les experts n’ont pas toujours eu raison. D’abord, ils ont dit qu’il n’y avait pas lieu de porter de masque, puis ils ont changé d’avis. Ils nous ont dit de ne pas nous inquiéter d’une propagation asymptomatique, puis de nous en préoccuper. Ils nous ont dit de ne pas nous angoisser pour les enfants, car ils ne sont que rarement affectés négativement; nous découvrons maintenant que ce n’est peut-être pas vrai.

Ces choses se sont produites parce que nous en avons appris davantage. Le virus a touché de plus en plus de personnes et en raison de cette augmentation du nombre d’infections, nous comprenons de mieux en mieux. Le processus de compréhension de chaque nuance de ce nouveau virus n’en est qu’à ses débuts. En trois mois, nous avons fait beaucoup de chemin. Mais, au bout du compte, il ne s’agit encore que de trois mois.

Une situation précaire

Je pense que ce qui nous est demandé, encore une fois, c’est de la patience. De la patience avec un processus imparfait qui doit prendre du temps et être dicté par la science, les données et l’avis des experts. Nous devons faire confiance à nos décideurs experts qui ont l’impossible tâche de concevoir un plan pour nous protéger de manière optimale. Ce processus ne peut être précipité, car nous sommes au cœur d’une situation complexe et nouvelle.

Notre capacité à prendre des décisions importantes en toute confiance, comme celle de permettre aux enfants d’aller en colonie de vacances pour l’été, doit être tempérée par l’humilité de ce que nous savons à l’heure actuelle. Il se peut que nous exagérions certaines choses dans ce processus, mais comprenez aussi que nous pourrions en sous-estimer d’autres et le regretter amèrement. C’est une situation difficile.

À quel moment pouvons-nous nous promener librement après qu’un verre ait été brisé au sol? Quand risquons-nous d’être blessés par un petit éclat? Personne n’a toutes les réponses. Ne soyons pas paralysés par la peur, mais ne soyons pas non plus trop confiants.

La situation est précaire, mais nous y voilà. Soyons patients, faisons confiance au processus et nous surmonterons cette situation.

Au sujet de l’auteur
Le Dr Michael Szabo est directeur médical chez Novus Santé et cumule 25 années d’expérience en soins médicaux de première ligne. Il est urgentologue pour le Réseau universitaire de santé de Toronto (UHN) et chargé de cours au Département de médecine familiale et communautaire de l’Université de Toronto. Il possède une vaste expérience en soins de santé destinés aux cadres, en soins de santé de type concierge et en deuxième opinion médicale.

 

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